Se piquer la ruche avec gourmandise.

C’était là la première fois. J’avais une douzaine d’années et j’étais au club med de Villars-sur-Ollon en Suisse avec ma grand mère. Je suis tombé instantanément amoureux de cette fille qui avait sensiblement mon âge. La première fois que je l’ai fait ? Certes non, c’était bien plus tard… Non, il s’agit de la première fois où j’ai vu un spectacle de cabaret. Bien sûr, en fils de bonne famille j’avais déjà été au théâtre, à l’opéra, au concert, au cirque, mais jamais au cabaret. Ce jour là, j’ai découvert ce qu’étaient la scène et le spectacle : une véritable magie. Une fille de mon âge chantait, dansait et changeait de costumes. Elle était fascinante…

Des années plus tard, quand j’ai commencé à écrire du café théâtre, j’ai retrouvé cette fascination pour la scène. Ne vous méprenez pas, je n’ai jamais désiré monter dessus… Elle me subjugue, mais me terrorise. Un soir, alors que j’allais saluer Chantal Ladesou au théâtre Grévin, il fallait monter sur scène pour accéder aux loges. La salle se vidait et malgré l’indifférence du public qui sortait, je me suis retrouvé incapable de faire un pas sur les planches pendant quelques secondes. Totalement coincé!

Hier soir, c’était la dernière de Show Bizzz, le spectacle de l’étonnant cabaret La Ruche gourmande. Pour ceux qui ne connaissent pas, rappelons que la Ruche gourmande, qui n’a pas d’équivalent en France, est un cabaret en milieu rural (à Perreux, 300 habitants) créé en 1997 par Catherine et Luc, rapidement aidés de leurs deux filles Julie et Eugénie. Ces apiculteurs bio, qui, à l'origine, tenaient une auberge, se sont mis au cabaret avec l'arrivée d'un comédien en 1996 qui leur propose un spectacle. La Ruche gourmande est née. Et suite à d'énormes travaux en 2004 avec une salle de 330 places, elle acquiert une renommée européenne.
Mais ce lieu magique, alliant bonne humeur et professionnalisme,  a su garder son esprit de famille. On y mange et boit divinement bien, la cuisine est faite maison  et le spectacle aussi. Eugénie, enfant de la balle, qui y a fait ses premiers pas avant de suivre le cours Florent, s’occupe dorénavant de la mise en scène et de la scénographie avec brio, alors que Julie après avoir connu la scène, préfère les coulisses du marketing, voire de la salle du restaurant.
Après le succulent repas, la dizaine d’artistes enchainent sur scène les chorégraphies et les chansons réglées au millimètre près. On se retrouve emporté par le show délirant et une fois de plus, j’ai retrouvé mon âme d’enfant. Ma fille de 7 ans qui m’accompagnait, avait des paillettes dans les yeux. Elle aura connu cette magie encore plus tôt que moi…

Merci à toute l'équipe de la Ruche gourmande pour ces merveilleux spectacles et leur amitié.

Julie et Eugénie