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Blog à la campagne
4 septembre 2010

La fin de l'école normale

Il n’y a pas si longtemps, un peu plus de vingt ans, un jeune instituteur s’était retrouvé à la rentrée en stage dans une école maternelle à Bezons, en banlieue dite rouge, le nom de l’école –Karl Marx- étant un signe qui ne trompe pas. Après une première année d’école normale, cet élève instituteur se retrouvait fort démuni devant ces enfants de petites sections qui n’avaient eu qu’une semaine pour s’habituer à leur maîtresse avant que celle-ci ne parte en stage et soit remplacée par lui. Les enfants découvrant de surcroît un homme, se mirent à brailler et à pleurer. L’instit avait beau se repasser dans la tête toute la pédagogie et psychologie apprises l’année précédente, fonctions de Jakobson, pré-requis et autres, la situation lui échappait…
Là-dessus, sa collègue élève institutrice en stage de remplacement comme lui dans la classe d’à côté, lui annonça que comme elle avait demandé un CM1 ou CM2 et qu’elle se retrouvait en maternelle, elle préférait se mettre en congé maladie… L’élève instituteur se retrouva avec deux classes sur les bras, soit environ 45 morveux. Heureusement, les vraies institutrices chevronnées de l’école eurent pitié de leur jeune collègue et se répartirent l’excédent d’enfants dans toutes les classes.
A midi, quand l’instituteur se retrouva à la cantine assis dans une petite chaise à une petite table de maternelle, le problème était réglé et il se retrouvait avec l’effectif d’une classe un peu surchargée, mais pas l’équivalent de deux classes. Après quelques hésitations, les dames de la cantine posèrent une bouteille de vin rouge devant lui pour marquer le coup, c’est la première fois qu’un homme entrait dans l’école, hormis l’inspecteur bien sûr.
Plus tard, l’élève instituteur continua sa formation et pris de l’assurance. Pour son dernier stage, il eut même une classe en milieu rural avec trois niveaux, CE2, CM1, CM2 et il s’en sortit très bien, organisant l’écriture et la réalisation d’un roman photo avec les enfants…

Si je raconte cette petite fable extraite de mon histoire  personnelle, c’est que je regrette la fin de l’école normale, ancêtre de l’IUFM. Même si l’autorité est une chose quasi naturelle qui ne s’apprend pas, les méthodes d’apprentissage de la lecture, l’attention et la concentration des élèves de maternelle par exemple, sont des « techniques » issues d’une solide formation appropriée et qu’on ne connaît pas forcément en Master 2 de biologie ou d’histoire.
Bien sûr, il existe beaucoup d’instituteurs et de professeurs émérites qui ont appris leur métier sur le tas, mais rien ne remplacera jamais la formation.

EcoleNormaleRabat_1 L'école normale d'institutrices de Rabat en 1930

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