Tomber des nus.

Contrairement à beaucoup d’amis artistes des Créacteurs ou d’ailleurs, je ne suis pas du tout un habitué des festivals d’art. EVAsions des arts était une grande première pour moi et surtout l’occasion de tester mes grands « nus découpés » sur un public varié et pas forcément ouvert à l’art contemporain et surtout la photographie souvent absente.

Séquence débriefing :

Dès notre arrivée à Villy-en-Auxois, nous (32 artistes) sommes pris en main par la personne qui va nous héberger et emmenés sur notre lieu d’exposition, la plupart du temps une grange. Pour le coup, on ne peut pas faire plus proche du public, nous sommes reçus par et exposons chez l’habitant. La région et les villages de l’Auxois sont magnifiques, mais hélas nous disposerons de peu de temps pour les visiter et rencontrer les autres artistes.

Le vendredi soir pour le vernissage, l’ambiance est détendue et bon enfant. Je remarque comme d’habitude l’absence des élus de premier plan, Conseils régional et départemental en tête. Il faut se faire une raison et d’ailleurs avec l’ami Bernard Lecomte qui fait tant pour le livre en Bourgogne, cela fait longtemps que nous avons constaté le désintérêt des élus pour l’art et la littérature, sans doute peu « rentables » électoralement.

Le samedi matin à 10 heures, nous sommes tous prêts. Mes nus découpés sont accrochés et en imposent tellement que je commence à avoir des angoisses sur la réaction des gens. Mais je n’ai pas le temps de m’en inquiéter plus que cela puisque le public commence à arriver, d’abord sporadiquement, puis par vagues de plus en plus rapprochées. Quelques rares personnes (surtout des femmes) voient un premier nu et tournent aussitôt les talons, mais dans l’ensemble mes images passent, même si plusieurs personnes (encore des femmes) me font part de leur côté "dérangeant". Heureusement, j’ai apporté d’autres books avec mes photographies de femmes plus « esthétiques et acceptables » qui les rassurent et prouvent que je ne suis pas un de ces dangereux maniaques de l'Yonne.

Au fur à mesure des visites, je mets au point une sorte de petit sketch bien rodé alliant humour, pédagogie et démarche artistique. Pendant les deux jours (samedi et dimanche) de 10 à 19 heures, je pense avoir eu la visite de plusieurs centaines de personnes, mais il était très difficile de compter tant j’étais concentré sur mes explications.

Le dimanche soir au moment de quitter l’équipe organisatrice et les autres artistes, je dois avouer que je suis crevé d’avoir échangé pendant deux jours, moi qui suis pourtant un infatigable bavard. Même si je n’ai pas fait de ventes (mais je m’y attendais), je suis très heureux d’avoir participé à ce festival très plaisant et bien organisé. Hormis une infime partie de visiteurs choqués par mes photographies, les gens se sont intéressés à mon travail et m’ont posé beaucoup de questions parfois très pertinentes. Les réactions étaient dans l’ensemble très positives.

Je garde le meilleur pour la fin :

Un monsieur vient voir mes photos avec sa femme. Il me demande si mes modèles ne sont pas un peu « olé olé », sous-entendu femmes faciles ou tarifées. Je lui réponds que non, que ce sont des modèles bénévoles avec toutes sortes de professions, parfois mères, épouses, en tout cas respectables (même si je ne sais pas très bien ce que cela veut dire, car pour moi on peut être une prostituée tout à fait respectable…). Là-dessus et je ne sais pas encore pourquoi, j’ajoute qu’une de mes modèles est une actrice X.

Le monsieur m’annonce aussitôt :

-       "Ne me la montrez pas, je vais deviner laquelle c’est ! Les actrices pornos, je les connais toutes… Vous comprenez après vingt ans de mariage…"

Sa femme me regarde en levant les yeux au ciel pendant que son mari me désigne une de mes modèles qui n’a jamais fait de porno, mais qui, par contre, était gendarme…