Le temps du luxe, le luxe du temps

Ce matin, mon premier réflexe en me réveillant, a été de prendre mon mobile et de regarder les fils d’actualité sur Twitter, Facebook, tumblr et Instagram. Je ne sélectionne peu ou pas mes contacts ou disons plutôt que j’en aime la diversité. C’est ainsi que je suis beaucoup de modèles et d’artistes, des élus, des cathos parfois intégristes, des femmes tatouées, des gauchistes, des actrices porno, des journalistes, des comédiens, des écolos et des demi-mondaines russes qui s’extasient devant des robinets en or et des malles Vuitton.

Tout le monde (moi compris) y va de sa petite actualité, de son coup de gueule, de son admiration ou indignation du moment… Parfois, ce sont de petites perles qui ressortent comme ce magnifique article de mon ami Philippe sur son professeur d’histoire de l’art, mais la plupart du temps, c’est de la petite info, de la petite image et de l’indignation facile (car il y a plus d’indignation que d’admiration sur les réseaux sociaux).

Longtemps, je me suis senti obligé de faire de même et d’afficher au moins une photo par jour pour montrer à la terre entière que j’avais une actualité et que je voulais participer au fou « mainstream » d’internet. Une attitude assez paradoxale pour quelqu’un qui n’a plus de télévision pour préserver sa tranquillité.

 Depuis que je me suis retrouvé au chômage, j’ai repensé à cette phrase de Pierre-Gilles de Gennes qui disait que nous ne prenions plus le temps de nous arrêter pour réfléchir. Certes, je n’ai pas cessé toute activité et continue à écrire et photographier, mais dorénavant je prends plus de temps pour cuisiner, me promener, lire et recevoir. De même, j’ai des petits retours d’ego où il faut absolument que j’existe sur la toile, mais ils sont de plus en plus espacés et je ne me sens plus obligé de systématiquement critiquer ou encenser ce que j’ai vu ou lu.

Ce matin, après avoir suivi tous les fils d’une actualité souvent anxiogène, je me suis dit que j’allais écrire quelque chose dans mon blog sur le fait de prendre son temps et aussi d’éviter le "tout information", cette « information qui n’est pas la connaissance » comme le dit si bien l’économiste Geneviève Azam.

Puis, je me suis souvenu que j’avais plein de framboises remontantes dans le fond de mon jardin en friche. Alors j’ai commencé l’article que vous êtes en train de lire, j’ai ensuite pris un café, avant de descendre avec un bol dans mon jardin pour cueillir des framboises. J'ai terminé l'article après…Quelle meilleure illustration que celle-ci sur le fait de prendre son temps ?

Alors mon actualité du moment : j'ai été cueillir des framboises… Merveilleux, non ?